une histoire d\'amour

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4. LE POIDS DU PASSE

CHAPITRE 4

Barres

 

Le poids du passé…

 

 

 

 

 

La magie  dupremier   amour

c'est d'ignorer qu'il puisse   finir un jour.

 

 

 Benjamin Disraeli

 

 

 

 

Coeur 

 

Petit Coeur BleuMercredi 11 avril - « J’arrive au boulot. Je t’envoie un message. Je me suis créé une autre boîte. Bisous. Seb. »

 

 

Coeur« Je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui. Les journées sont bien remplies par le train train quotidien...  Ca m'a fait du bien de constater que pendant toutes ces années je n'ai pas été la seule à « méditer... » Je me suis toujours demandée, si je gardais une petite place dans ton coeur.  Je t'ai attendu longtemps tu sais... Ca a été dur de me décider à tourner la page... et puis le temps fait son oeuvre... mais quand même. Tu es toujours là. Tu le seras toujours même si la vie nous a séparé.

Quand j'ai trouvé le site de ton boulot et que j'ai vu ton nom... je ne te raconte pas l'effet que ça m'a fait... Le hasard... après toutes ces années... L’amitié double les joies et réduit de moitié les peines. Que penses-tu de ma citation ? »

 

 

Petit Coeur Bleu« Désolé Pupuce.   Cela ne me console tout de même pas, moi aussi je t'ai attendu pendant des années.  Il est 1h30 du matin et je ne dors pas. Tu n'as pas réveillé en moi une blessure amoureuse car cela fait 20 ans que ça dure. Comme toi je n'ai jamais oublié. Pensais-tu que je ne répondrais jamais ‘par haine’ ? Mais Nathalie ton parfum coule dans mes veines, je n'y peux rien. Malgré le temps qui passe. Il n'y a pas une semaine sans penser à toi. .Tu vois je me disais le plus beau cadeau pour l 'année de mes 50 ans, ce serait que j'aie de tes nouvelles et tu m'as contacté : c'est bien que nos esprits continuent de se parler et la distance en kilomètres n'est pas si grande.  Ce que j'attends, je te le dis avec mes tripes c'est de trouver un apaisement intérieur, de comprendre nos souffrances mutuelles et de continuer à penser l'un à l'autre. Tu m'écris ; une petite flamme brûle dans un coin de mon cœur pour l'éternité.Comme toi elle ne s'est jamais éteinte. Les souvenirs ça brasse n'est-ce pas ?

Si tu m'as retrouvé ce n'est pas le hasard c'est que tu me cherchais mais tu en as mis du temps Pupuce !!!  Je t’embrasse affectueusement. Seb. »

 

 

Petit Coeur BleuJeudi 12 avril – « Hello,  comment vas-tu Nathalie ? c’est merveilleux que tu m’aies retrouvé après tant d’années. Il m’est difficile de te raconter ces vingt années passées par mail. Je préfère qu’on se parle au téléphone comme au bon vieux temps ! On  va avoir beaucoup de choses à se dire. De te sentir à mes côtés après presque 20 ans, c'est fou et merveilleux malgré la douleur »

 

Coeur«Le téléphone... c'est vrai que j'aimerais bien. Mais j'appréhende d'entendre ta voix. Je suis déjà sans dessus dessous alors... Je t'ai menti j'ai un portable... mais j'ai peur tu sais. Je ne veux faire de mal à personne et c'est si vite fait de se trahir... Il faut être plus que prudent... Je ne sais pas en ce qui te concerne mais mon mari est quelqu'un de droit, de gentil. Il m'aime énormément. Matériellement on est très bien : jolie  maison, deux enfants … Je lis toujours beaucoup, ça m'aide à m'évader. Je suis toujours romantique, mais derrière une carapace que je me suis construite au fil des années. A quoi ça sert ? tu prépares par exemple une jolie table, un bon petit plat, un dîner en tête à tête et seul le silence répond à tes attentes ! Enfin, c'est vrai que les enfants, heureusement, mettent de l'animation. Ils sont toute ma vie. Gros bisous... Nath. »  

 

Petit Coeur Bleu« Merci pour ton message. Je suis comme toi je ne veux faire de mal à personne. Je n'appréhende pas de te parler bien au contraire. La cicatrice ne s'est jamais refermée et j'ai passé tant d'années de désespoir sans toi. J'aimerais tellement qu'on s'explique sur nos ressentis.


Tu pourrais être surprise de ce que j'ai vécu. J'ai connu mon épouse en 1994 et nous nous sommes mariés en 2002, tu vois c'est pas vieux. Elle s'appelle Lyne et je ne veux pas lui faire de mal bien qu'elle sait que j'ai eu un gros chagrin d'amour. Elle a 6 ans de plus que moi, m'aime très fort, elle a une grande fille et toutes les deux m'adorent. Grâce à elles j'ai beaucoup voyagé. Je suis obligé de m'arrêter… à plus tard, tendrement, Seb »

 
Tous ces mails qui les uns après les autres me révélaient qu’en fait, comme moi, tu avais vécu avec le passé, tout ça me chamboulait. Jour et nuit, il n’y avait plus que toi et moi. J’étais engloutie par le passé. Dur d’assurer la vie de tous les jours dans ces conditions. A l’époque c’était terrible de ne pas se voir, terrible et incroyable de vivre pareille situation au vingtième siècle. Nous ne méritions pas ça, nous n’avions rien fait de mal. « Je t’aime Nathalie, je voudrais pouvoir me promener avec toi au grand jour, main dans la main, t’avoir tout près de moi et te serrer dans mes bras. » Moi aussi je souhaitais tout ça Sébastien. Mais j’étais jeune. J’avais été élevée comme une nonne, hyper couvée, hyper protégée dans un cocon bien fermé. Je ne savais pas comment m’en sortir. J’aurais voulu te rendre heureux, mais sans sacrifier ma famille. J’attendais le bon vouloir de maman, j’espérais un miracle. J’y croyais tu sais. Et on continuait donc à se téléphoner, à s’écrire, et il devenait évidemment de plus en plus dur de ne pas se voir. Enfin, avec l’été, « on » t’autorisa à venir tous les week-end.

 

Aujourd’hui je me dis qu’on se réjouissait de peu. Tu avais le droit de passer tous les samedis après-midi avec moi. On partait se promener dans la nature, on s’asseyait sur les rochers au bord de la rivière, on était bien. Enfin tous les deux. J’aimais marcher à tes côtés, main dans la main, sentir ton bras sur mes épaules. Au bord de l’eau, blottis l’un contre l’autre, on était heureux après tous ces mois d’angoisse, d’enfin goûter au plaisir d’être réunis. On écoutait le ruissellement de l’eau, le bourdonnement des abeilles, les chants d’oiseaux, on s’embrassait tendrement. Parfois, on courait comme des fous, tu me soulevais dans tes bras, tu me faisais tournoyer autour de toi et la campagne résonnait de nos éclats de rire. Le soir on mangeait avec mes parents et on retournait dans le jardin. On s’installait dans le hamac, on comptait les étoiles qui s’allumaient une à une dans le ciel. On se racontait nos rêves, nos espoirs. Je m’imaginais mariée avec toi. Je t’aimais de toute mon âme, et plus merveilleux encore je me sentais aimée pareillement. Je ne doutais pas de tes sentiments. Je sentais ton amour pour moi dans ton sourire, dans ta façon de me regarder, lorsque tes mains jouaient avec mes cheveux, caressaient mes joues. Tu me réchauffais au feu de ta tendresse.

 

 

Nos retrouvailles hebdomadaires ne plaisaient pas à maman. Régulièrement j’avais droit à une série de remarques contre lesquelles je réagissais violemment et qui généralement dégénéraient en disputes plus ou moins orageuses. Selon maman : on abusait ! On cherchait toujours à s’isoler, au fond des prés ou ailleurs sans jamais rester auprès d’elle et de papa. Que fallait-il donc faire pour avoir la paix ? passer nos si rares « permissions » entre papa et maman ? A présent ça ne suffisait plus de nous empêcher de sortir de l’enceinte familiale, de nous voir à notre guise, il aurait fallu rester assis en famille et faire la conversation à mes parents. Je ne comprenais pas la ténacité de maman à me torturer de la sorte pour tout et rien. Elle me rendait la vie impossible.

 

Quand j’y pense, je n’aurais jamais du croire et espérer un revirement de sa part. Elle était bien trop persuadée à l’époque « d’avoir raison ». Elle ne souhaitait qu’une chose, qu’on laisse tomber, qu’on abandonne, que tu lâches prise. Mais on s’aimait déjà beaucoup trop. On n’avait ni toi ni moi le courage de tout casser, tout briser. On était tellement persuadés d’être fait l’un pour l’autre. C’était au-dessus de nos forces.

 

Tu n’avais pas de cheval blanc mais c’est vrai, tu étais mon Prince charmant. Peu à peu, ce que je vivais au travers de mes poèmes devenait réalité. Des choses simples comme se promener main dans la main avec celui qu’on aime, danser serrée l'un contre l'autre, suivre la musique tandis que tes bras enserraient ma taille… « Ma puce, mon lapin » pour moi tu avais tellement de mots doux, de gentillesse, de douceur… Tu étais devenu le centre du monde pour moi Sébastien. Plus rien d’autre ne comptait, que toi. Ta photo était partout dans ma chambre, je m’endormais avec elle, je me réveillais avec elle.

 

Mes disputes avec maman étaient terribles. Le ton montait, et peu à peu on frisait l’hystérie. Je hurlais : « Je l’aime maman, tu ne peux pas comprendre ça ? Je ne peux pas vivre sans lui. » Ca la mettait hors d’elle. J’étais déchirée entre mon attachement pour ma mère et mon amour pour toi. J’aurais tant aimé que ça se passe bien, pouvoir me confier à elle, lui faire partager mon bonheur. Mais non, j’étais seule .»

 

 

Petit Coeur BleuVendredi 13 avril - « Nathalie, il est tôt, je pense à toi, comme d'hab . Je pense à ta vie et finalement quand je lis ton mail ta vie est comme  il y a 20 ans : une prison dorée. Matériellement tu ne manques de rien mais pour le reste… . C'est bien que tu aies deux enfants, ils seront moins égoïstes dans la vie.

 

Tu avais 20 ans, tu subissais une telle pression familiale que moi je serais parti à l'autre bout du monde avec toi parce que je t'aimais comme un fou. La seule chose qui comptait pour moi c'est que tu sois dans mes bras. C'était tellement fusionnel que je ne comprends toujours pas que tu aies laissé ta mère nous briser.

 

Ce qui me rendait le plus fou c'est ton désarmement. Tu me disais « ma mère a tracé mon destin , elle a tout prévu. J'habiterai derrière chez elle, je me marierai par dépit. C'est terrible de douleurs, de souffrances morales mais malheureusement vrai..

 

Le plus désolant c'est que j'en suis tombé malade après notre séparation, et tu n'as rien vu. Je suis retourné chez mes parents, dans un triste état physique, avec dix kilos de moins et quand je t'ai appelé en février tu m'as crucifié au téléphone. J'ai pris tout le carton de nos lettres, photos et j’ai tout brûlé de rage pensant que vous n'étiez tous qu'une famille d'égoïstes. La mère était méchante et la fille suivait le même chemin. J'ai essayé de t'écrire : impossible tellement j'avais mal. J'ai mis 3 ans à refaire surface mais on n’efface pas sa mémoire. J'ai passé autant de nuits à t'appeler que de jours à t'attendre et cela n'a jamais vraiment cessé même avec le temps.

 

C'est triste pour mon épouse car je n'arrive pas à lui rendre l'amour qu'elle me donne à cause de notre histoire. Il y a 20 ans que j'essaie de t'écrire et si je t'en voulais je n'aurais pas donner signe de vie mais je t'aime toujours. Seb"

 

 

 

Coeur« Ca fait mal de lire tout ça... mon coeur a saigné, saigne et saignera toujours... c'est vrai... J'étais jeune et tellement peu sûre de moi. Tout s'est réalisé tel que tu le décris dans ton mail, et tel que tu me l'avais prédit quand nous nous sommes séparés. Je pense que quand on fait du mal dans la vie on le paye d'une façon ou d'une autre.  C'est le retour de bâton, la justice divine. Je t'ai fait du mal, mais bien involontairement tu sais... tu étais mon premier amour... je pensais qu'il rimerait vraiment avec toujours... je t'ai aimé si fort... je n'aimerai plus jamais comme ça... Mon mari est un ange de patience, de gentillesse... mais ça n'a rien à voir... je pense qu'on ne connaît ces sentiments qu'une seule fois dans sa vie. »

Petit Coeur Bleu« Nathalie, j'ai besoin de te parler. Je t’ai cherché moi aussi. Je t’ai trouvé sur internet. J'ai gardé ton numéro de téléphone pendant un an sur moi mais je n'ai jamais appelé pour éviter tout drame. Quand j'avais vu débarquer ton père dans le magasin où je travaillais à l’époque j' étais scotché sur place. J’avais déjà donné ma démission pour m’éloigner. Ensuite ta mère m'avait téléphoné . Je lui ai dit « Madame laissez moi tranquille ». Ensuite toi, tu m'as appelé 15 jours après. Je ne pouvais pas discuter j'étais à la caisse du magasin. Il y avait du monde, je ne comprenais pas pourquoi tu ne venais pas. Tu avais unevoiture, tu pouvais m'appeler afin qu'on se voit. Puis je suis parti et j'ai appris plus tard que deux jeunes filles m'avaient demandé sur mon lieu detravail. Mais je venais de partir. J'en ai déduit que tu étais venue avec ton amie. .J'ai pensé que si tu tenais vraiment à moi tu me chercherais à tout prix comme tu me l'avais écrit. En tout cas je n'ai jamais voulu de mal à personne. Je n’ai jamais pardonné ta mère car elle pensait que je n'étais pas l'hommequ'il te fallait, bien qu'elle disait le contraire. Je me disais toujours mais comment un garçon va accepter autant de conneries d'usage? »

 

Coeur«C’est vrai. Après notre séparation moi aussi j’allais mal. Assez pour que mes parents aient finalement pitié de moi et mettent leur orgueil de côté pour aller te trouver. Tu les as expédié. C’était trop tard. J’ai eu du mal à l’époque. Maman est rentré en me disant que finalement tu ne m’aimais pas autant que tu avais voulu me le faire croire puisque tu choisissais de me laisser tomber.

Ca a été dur de vivre avec cette idée.

Je comprends que tu ne pardonnes pas à maman mais tu sais je pense qu'elle a payé et qu'elle paye encore les erreurs et le mal qu'elle a fait.

Aujourd'hui j'ai une fille et ce n'est pas facile d'élever des enfants... Parfois on pense faire leur bien et on se plante !

J'ai mis du temps à te retrouver mais tu aurais toi aussi pu me faire signe... c'est le destin... la vie nous fait un beau cadeau je trouve de nous permettre de  nous retrouver comme ça...  Il faudra nous en contenter.

Si je me souviens bien la lecture n'est pas ta tasse de thé bien que tu lisais tout ce que j'écrivais...

Mon livre et DVD de chevet c'est Sur la route de Madison... l'as-tu déjà vu ou lu ? Certains te diront c'est un navet... c'est un somnifère... mais j'ai bien du voir le film huit fois et lire le livre plusieurs fois... Francesca, l'héroïne, c'est moi... et je peux te dire que depuis des années je rêve d'avoir AUMOINS droit, comme elle, à quelques heures de bonheur... Si tu n'as jamais vu le film, loue-le ou achète-le, regarde-le… je connais ces passages par cœur… "En quatre jours, il m'a donné une vie entière, un univers et a fait un tout des parties de mon être. Je n'ai jamais cessé de songer à lui, à aucun moment. Même quand je ne pensais pas consciemment à lui, je pouvais le sentir quelque part, il était toujours là... -J'ai vécu avec cet amour tous les jours, toutes ces années, et lui aussi. - Il m'a dit que nous avions cessé d'être deux personnalités distinctes, pour devenir une troisième personne formée de nous deux. Ni lui ni moi n'avons plus désormais existé sans cette troisième personne. Et celle-ci a été condamnée à errer sans fin."

Je ne sais pas si tu connais l'histoire. Je te la résume. Francesca est une mère de famille, mariée à un fermier, deux enfants déjà grands. Elle rencontre un photographe, Robert Kincaid. Ils vivent quatre jours d'une passion rare... mais à l'heure de la séparation, à l'heure du choix final, Francesca ne peut se résoudre à abandonner sa famille, même si sa vie est fade, plate... "Oui, d'une certaine manière, ma vie est ennuyeuse. Elle manque de romantisme, d'érotisme, des danses dans la cuisine éclairée à la bougie, de la merveilleuse sensation d'être auprès d'un homme  qui sait aimer une femme. Et surtout, tu y manques. Mais j'ai ce sacré sentiment de responsabilité. Envers Richard, envers les enfants..." La douleur de Francesca... je l'ai connu une première fois... il y a 19 ans... quand tu as disparu de ma vie. Je t'aimais, je ne souhaitais qu'une chose : construire ma vie avec toi, me marier avec toi, avoir des enfants... avec toi mais je n’ai jamais pu passer outre ce sacré sentiment de responsabilité envers ma famille…  J'ai si souvent revécu notre histoire... et je la revis aujourd'hui... toi et moi avons chacun nos vies, nos obligations, nos responsabilités... »

 

 

Petit Coeur Bleu« C'est sûr que j'ai vu ce film, mon épouse et moi nous avions pleuré au cinéma et j'ai pensé à toi, à notre destin. C'est avec toi que je voulais faire ma vie pas avec tes parents. Tu vois un de mes grands regrets aussi est de ne pas avoir d'enfants, de ce côté là tu as plus de chance que moi.Est ce que tu veux qu'on se téléphone maintenant ? »

 

 

 

Et le téléphone a sonné. Et j’ai décroché, la gorge nouée. Ta voix n’avait pas changé. J’avais tout à coup dix huit ans et mon cœur battait la chamade.

 

 


 



16/05/2011
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